Maria Casado à Casablanca : une rencontre cinématographique pour construire des ponts culturels entre le Maroc et l’Espagne
La Ligue Marocaine des Jeunes Éditeurs des Journaux a organisé, ce vendredi 16 mai 2025 à l’hôtel Le Zénith de Casablanca, une conférence de presse inédite en présence de la réalisatrice et productrice espagnole Maria Casado, marquant une étape importante dans le renforcement des relations culturelles et artistiques entre le Maroc et l’Espagne.
Dans son mot d’ouverture, Monsieur Mohamed Fajri, président de la Ligue, a salué la présence des médias et des professionnels du secteur, soulignant l’importance de telles rencontres pour nourrir une diplomatie culturelle sincère et durable.
« Nous croyons profondément que la culture et l’art sont des outils puissants pour rapprocher les peuples et consolider des relations humaines sincères entre le Maroc et l’Espagne, pays unis par l’histoire, la géographie et la mémoire partagée », a-t-il déclaré.
Une cinéaste entre mémoire, poésie et engagement
Originaire d’Espagne, Maria Casado est une artiste complète, influencée par la sensibilité méditerranéenne, aussi bien visuelle que poétique. Sa filmographie est habitée par une double fidélité : à la mémoire et aux marges sociales, à travers une esthétique exigeante et humaniste.
« Rachí », son premier court-métrage, est une œuvre muette racontée par le flamenco, où s’entrelacent la mémoire de la guerre, la maternité et la persécution d’une femme gitane sous le franquisme. Ce projet, bien que modeste dans ses moyens, pose les bases d’un langage cinématographique fondé sur la symbolique visuelle et l’attention portée aux oubliés de l’histoire.
« Zanbaq », son long-métrage suivant, explore les tensions entre beauté et dénonciation, s’inspirant de la symétrie de Wes Anderson, de la poétique de Bachelard et de la douleur élégante du cinéma de Paolo Sorrentino. Le film évoque l’histoire du trafic – de biens, d’émotions, de silences – comme une métaphore du non-dit collectif, avec des scènes tournées notamment dans l’Alhambra, et un budget limité mais une ambition artistique intacte.
« Tariq », en cours de production, est le projet qui la mène aujourd’hui au Maroc. sera Tourné entre les deux rives de la Méditerranée, notamment à Marrakech, Fès et Laâyoune, ce film explore les trajectoires humaines et émotionnelles de celles et ceux qui se déplacent entre les mondes, entre les rives.
« Le Maroc n’est pas un simple décor. C’est un personnage à part entière, avec sa richesse visuelle, spirituelle et humaine. Ce film veut montrer un Maroc pluraliste, contemporain et vivant, loin des clichés, vu avec respect, curiosité et amour. »
Une terre de cinéma, convoitée pour sa lumière et ses paysages
Maria Casado a exprimé son enthousiasme à tourner au Maroc, en répondant à une question sur l’intérêt croissant des productions internationales pour ce territoire :
« C’est tout à fait logique que les réalisateurs du monde entier souhaitent tourner ici. Le Maroc est un pays visuellement fascinant, avec une lumière chaude et précieuse, des paysages variés et une énergie artistique singulière. »
Elle souhaite que Tariq soit aussi le début d’une coproduction maroco-espagnole authentique :
« Il ne s’agit pas de faire un film espagnol au Maroc, mais un film des deux pays, porté par des acteurs et techniciens marocains, écrit, pensé et réalisé ensemble. Nous avons déjà semé les premières graines de cette collaboration. »
Une voix de femme qui traverse la Méditerranée
Cette conférence de presse marque un moment symbolique : Maria Casado devient la première réalisatrice espagnole à présenter officiellement son travail au Maroc. Une démarche qu’elle considère comme un acte de confiance, de respect et d’ouverture, espérant qu’il inspirera d’autres femmes cinéastes à traverser la mer avec courage et vision.
Les commentaires sont fermés.